JE SUIS NE HEUREUX

 

Mi-décembre 2010, je suis enceinte de 9 mois. Le terme est prévu le 28 décembre.

Si le bébé ne vient pas d’ici-là, je devrai retourner à l’hôpital : monitoring, examens, questions, mises en garde, etc… enfin toutes ces choses qui sont soi-disant là pour me rassurer. Mais, en ce qui me concerne, elles m’effraient. J’ai peur de l’hôpital, peur de leurs machines, peur de leurs mots. Je ne me sens pas respectée dans cet environnement-là.

Et cette peur de l’hôpital m’empêche d’être sereine pour accoucher. Elle me transporte dans des émotions telles qu’il me devient impossible de me détendre, de lâcher prise.

            Il faut dire que cette frayeur du monde hospitalier m’habite depuis longtemps et que les circonstances de mon premier accouchement n’a fait qu’accentuer le processus : forceps, douleurs, fatigue, incompréhension, souffrances physiques, dans le cœur, dans la tête, beaucoup, beaucoup,…

            J’ai peur, j’ai très peur. Je panique.

            Pourtant, pour cette grossesse, je me suis entourée de sages-femmes sages et d’hommes sages pour m’aider à surmonter, à dépasser mes peurs. Isabelle et Laurent m’ont accompagné dans ma démarche et ont soigné mes blessures. Mais cette peur me dévore et je les appelle au secours.

            Ils m’aident à me détendre et c’est sans complaisances mais dans l’amour vrai qu’ils me bousculent en argumentant les bienfaits de la césarienne. Surprise, je n’ai pas le temps de m’indigner qu’ils me bombardent d’arguments face auxquels je ne peux qu’abdiquer. Je poursuis donc mon chemin avec un point d’interrogation et un point d’exclamation. Je ne sais plus trop quoi penser…

            Jour après jour, les pensées tournent et retournent dans ma tête.

            Jour J-1, je comprends enfin le sens de cet acte. Je comprends ou plutôt mieux même, je ressens au plus profond de moi que durant cet accouchement tout peut arriver, césarienne y compris. Mais peu importe finalement parce que ce tout se déroulera dans l’amour. Oui, peu importe comment naîtra cet enfant puisque ce sera de toutes façons dans l’amour. Et c’est ça, l’essentiel.  Je prends une grande inspiration, je souffle lentement, tranquillement. J’ai lâché-prise…

            Quelques heures plus tard, c’est le soir, l’utérus se manifeste en se contractant. Ce sont des vagues qui me parcourent douces et fermes à la fois. J’accueille. Je ne pense à rien. Je suis à l’écoute de mon corps tout tranquillement.

            Vers minuit, ces vagues s’imposent, s’affirment davantage. J’accueille encore. Je souris à la vie. C’est parti !! Je me rends compte que je ne suis que mon corps. Mon mental est en veille. Pas de respiration particulière pour accompagner la douleur de la contraction, je n’ai pas mal. Je suis complètement détendue. La joie et le bonheur sont rois en ma demeure. Ces vagues sont tour à tour amour, douceur, force. Je les attends avec le sourire. J’en ris même. C’est intense, c’est fort. C’est un bonheur extrême. Mon corps s’ouvre. Je sens mon bassin laisser la place à la vie. Mon bébé va naître !!

            Je suis dans une bulle indestructible d’amour et de lumière. Plus de notion de temps, d’espaces, tout s’est effacé. Je suis même cet amour, cette lumière. Je suis la paix. Je Suis.

            Puis les vagues s’accélèrent encore. Je reprends pied dans l’existence. Il serait plus sage d’aller réveiller mon compagnon, Christophe. L’escalier est raide et les vagues passent les unes après les autres. L’intervalle de temps qui les sépare est court. Alors c’est tout naturellement que je demande à mon corps une pause, le temps de monter. Mon corps m’obéit. Tout est fluide, simple, joyeux, harmonieux.

            Christophe appelle mes parents pour qu’ils viennent chercher notre grande fille de deux ans et demi, Lilou. Elle s’est réveillée. Il est 5 heure du matin. Il m’est plus difficile de me recentrer la sachant là. Et pourtant elle est calme, posée près de son papa.

            Mais mon corps me rappelle à l’ordre. Une envie me prend toute entière de me suspendre et de faire basculer en même temps mon bassin. Mon corps est mon seul guide. Il est souverain. Un despote joyeux !

            Et puis tout s’accélère. Sensation bizarre, j’ai perdu quelque chose. Je cours aux toilettes. C’est le bouchon muqueux ! J’avais souhaité le voir et… cadeau il est là. Tout est merveilleux.

            J’entends mes parents qui sont arrivés. Je suis toujours aux toilettes. Christophe vient me voir : ça va ? Je lui réponds un rapide c’est urgent. Mon corps se met en position pour pousser !!!

            Mes parents sont partis vite avec Lilou. Je retourne dans le salon. Le col est ouvert à son maximum. Je le sais, je le sens. Je trouve mon corps merveilleux. Il sait tout !!

            Christophe s’active, met les affaires dans la voiture pour un départ à la maternité. On y va ?

Non, ce n’est plus possible, je suis en train de pousser. Il va arriver. Je le sens ce bébé, sa tête, son corps, sa vie.

            Christophe s’affaire autour de moi. Nous sommes trois. Le bébé est dans le passage. Respiration. S’il te plaît, pas de blagounettes, tu mets bien ta tête. Je fais corps avec mon enfant. Nous sommes encore qu’un, lui et moi.  Dans quelques expirs,  il sera là. Hop là, tout doux, pas de déchirures. Mais c’est tellement puissant !! Il opère un demi-tour et ça y est sa tête est sortie. Je me sens sûre de moi. J’ai confiance, une confiance immense. C’est une force de la nuit des temps, un savoir ancestral qui remonte à la surface. Oui, je sais accoucher. Je l’ai fait déjà au moins un millier de fois. Ce ne sera que la mille et unième. Je suis sereine. Tout me dit que tout va bien.

            Christophe lui s’affole quelques instants car ce petit bout est encore dans la poche de son placenta. Il le voit ouvrir et fermer sa bouche dans son univers. Il ne me dit rien mais m’encourage à poursuivre.

            Je continue à reprendre mon souffle et attends la prochaine vague, le prochain élan qui permettra à l’enfant de venir au monde.

            Je l’entends pleurer. Noam est né. Il est 7 heure.

            Christophe a du mal à le saisir, il glisse de ses mains.

            Ce n’est pas encore fini. Le placenta n’est pas encore sorti. Noam est contre moi. Il tête. J’ai perdu du sang, je suis faible. Christophe m’encourage doucement mais fermement pour la délivrance.

La tétée fait renaître des vagues. Elles sont infiniment douces comme-ci celle-ci respectaient mon état de fatigue. Je me recentre, pose l’intention d’évacuer le reste du placenta aussi doucement que possible. Inspir, expir, c’est fini. Tout simplement, tout facilement.

Noam est né. Chaque instant se savoure encore et encore. Nous sommes tous les trois dans un cocon d’amour.

 

            C’est un magnifique cadeau de la vie !!!...

Merci la vie ; merci Ysabelle Malifarge, merci Laurent pour tout l’amour que vous nous donnez, merci chers amis vénusiens qui m’aviez prédit un accouchement sans douleur ( voir conférence du 14 mai 2010 ). Ce fut souvent ma bouée.

Merci à Bernadette et Monique, les sages-femmes qui m’ont suivie et qui m’ont aidé à m’approprier mon accouchement.

Libérons –nous de nos souffrances ! Ne nous soumettons plus à cette dictature !

Accouchons dans la joie et aidons ce monde à naître dans l’amour !!

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